Les grands festivals et événements de la Loire ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet. La sentence d’Emmanuel Macron lundi soir était attendue mais a fait l’effet d’un tremblement de terre dans la sphère culturelle. Le Festival Paroles & Music, La Rue des Artistes à Saint-Chamond, les concerts dans la Loire sont pour l’heure annulés ou repoussés. Le Festival Musilac à Aix-les-Bains est lui aussi annulé.
Des festivals de musiques actuelles ont pris leurs responsabilités. Les Francofolies (prévues du 10 au 14 juillet, 150.000 spectateurs en 2019), les Eurockéennes (2-4 juillet, 128.000), le Main Square (3-5 juillet, 115.000), les Nuits de Fourvière (2-31 juillet, 190.000), Art Rock, Europavox ou encore Jazz à Vienne (Isère) ont jeté l’éponge.
« Je vis un moment que je n’aurais jamais imaginé vivre« , commente auprès de l’AFP Gérard Pont, le patron des Francos. D’un naturel « optimiste », il ne s’inquiète pas pour 2021. Jean-Paul Durand, directeur des Eurockéennes, est lui plus soucieux. « Il faut le maintien des subventions des trois collectivités locales, une aide à l’activité partielle prolongée jusqu’à la fin de l’année et compter sur notre banque mécène, qui saura nous écouter« , dépeint-il à l’AFP.
Le couperet économique
D’autres n’ont pas attendu le « couperet » du chef de l’Etat, comme le dit M. Durand, pour annuler auparavant, tels le Printemps de Bourges, le Hellfest, le Lollapalooza et Solidays. Les Vieilles Charrues (16-19 juillet, 270.000), c’est un autre cas d’école: le festival breton attendait près de 300.000 personnes à partir du 16 juillet, soit au lendemain de la levée d’interdiction des grands rassemblements. « La tenue du festival, je n’y crois pas », confie son directeur Jérôme Tréhorel à l’AFP, qui ne veut prendre « aucun risque pour le personnel et les festivaliers« . Il faut ajouter Rock en Seine (29 août-1er septembre, 100.000) qui risque d’être pénalisé par la fermeture des frontières, handicap pour ses têtes d’affiche.
Avignon, le plus prompt
Deux heures après l’intervention du chef de l’Etat, Olivier Py, directeur, et Paul Rondin directeur délégué de la plus célèbre manifestation théâtrale du monde, ont tranché. « Nous avons partagé l’espoir aussi longtemps que cela était permis, mais (…) les conditions ne sont plus aujourd’hui réunies pour que se déroule la 74e édition« , prévue du 3 au 23 juillet.
La Cité des Papes devient d’ordinaire chaque juillet la « capitale du théâtre », attirant 700.000 visiteurs. Il y a le Festival principal, dit le « In » mais surtout le « Off », encore plus grand (plus de 1.500 spectacles, par un millier de compagnies dans 200 théâtres de la ville). Le président du « Off », Pierre Beffeyte, a expliqué à l’AFP prendre acte des déclarations d’Emmanuel Macron et du communiqué du « In », et réunir un bureau mardi matin et un conseil d’administration dans la semaine.
Les retombées économiques pour Avignon sont de l’ordre de 100 millions d’euros, selon les estimations, dont 25 millions générés par le « In ». Le sort de milliers d’artistes et de techniciens, dont de nombreux intermittents, s’annonce préoccupant. Depuis sa création en 1947, le Festival n’a été annulé qu’une fois, en 2003, en plein conflit des intermittents.
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Les pertes sont lourdes pour les organisateurs
Vient le temps des bilans, des pertes et des indemnisations. Hélas, impossible pour les organisateurs de prétendre à une indemnisation auprès des assurances tant que l’État n’a pas promulgué l’arrêté d’annulation indispensable pour préciser le cadre juridique de l’interdiction des festivals et des concerts.
En d’autres termes, il faut que l’État dise clairement que ce n’est pas la faute des organisateurs si les festivals sont annulés, mais qu’ils ont été contraints par lui à le faire. D’autant que, du côté des assurances, celles-ci invoquent déjà leur droit unilatéral de résiliation, ou la défaillance de la garantie pandémie dans les contrats… Une façon, on le comprend bien, de préserver leurs actifs et de ne pas subir les effets d’une cascade d’annulations qui touche non seulement la France mais le monde entier.
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Arthur BA