
C’est la psychose dans les boites de nuit, le nombre de plaintes grossies chaque week-end en France. Et à Roanne on note de nouveaux cas. Une quatrième plainte a été déposée pour violences avec préméditation et administration de substance nuisible avec préméditation.
Comme les faits précédents, les cas se sont déroulés au « T dansant ». La victime a réalisé des prélèvements sanguins à l’hôpital. Les résultats ont montré qu’elle était positive au GHB.
En 2021 dans plusieurs régions d’Angleterre. En octobre, la police britannique aurait reçu, selon l’AFP, 140 rapports sur des incidents impliquant des boissons droguées (notamment avec du GHB) et 24 impliquant des piqûres. Une pétition a récolté plus de 160 000 signatures pour demander au gouvernement anglais de rendre obligatoires les fouilles minutieuses à l’entrée des établissements de nuit. Que faire si on pense avoir été piqué lors d’une soirée ? Quels sont les bons gestes en prévention ? Conseils.
Quelles sont les drogues injectables ?
« Toutes sortes de substances peuvent être injectées, des médicaments psychoactifs comme des drogues illicites » nous explique d’emblée le Dr Leila Chaouachi, pharmacienne au centre d’addicto-vigilance de Paris et experte nationale sur l’enquête de soumission chimique auprès de l’ANSM.
Le GHB est dans toutes les bouches mais attention à ne pas focaliser uniquement sur cette substance, poursuit notre interlocutrice.On recherche le maximum de substances pour ne pas passer à côté d’un autre agent de soumission chimique. »
Quels sont les effets après avoir été piqué ?
Sensations de malaise, tête qui tourne, bouffées de chaleur, « trous noirs », nausées, amnésie ou encore trouble du comportement sont rapportés par les victimes. Mais toutes ne ressentent pas forcément la piqûre : certaines constatent une trace de piqûre à postériori des effets, d’autres non. Les effets sont variables. Ils dépendent du produit injecté, de la dose administrée et sont propres à chaque individu. « Un comportement inhabituel, une sensation d’ébriété trop rapide au regard des consommations doivent alerter » prévient le Dr Chaouachi. La personne ne se sent pas bien alors qu’elle n’a pas bu d’alcool ou peu.
Que faire si on pense avoir été piqué en boîte de nuit ?
Réagir immédiatement car « chaque minute compte » insiste le Dr Leila Chaouachi. « Il faut réagir tout de suite pour éviter la disparition des preuves (traces de piqûres, détection d’une substance, ndlr) et aussi pour se protéger du risque infectieux. »
Se rendre dans un commissariat ou à la gendarmerie pour déposer plainte le plus rapidement possible : « Le dépôt de plainte va permettre d’être examiné par un médecin légiste qui constate les lésions avant qu’elles ne se résorbent (traces d’injection, bleus), les objective et réalise des prélèvements du sang et de l’urine en urgence pour détecter une éventuelle substance. Le dépôt de plainte permet que l’ensemble des examens et analyses toxicologiques soit pris en charge par les frais de justice » explique le Dr Chaouachi.
Si la personne ne souhaite pas déposer plainte, elle doit se rendre aux services
d’Urgences le plus proche ou en CEGIDD (Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic) dans les 48 heures pour avoir la possibilité de recevoir un traitement contre le risque infectieux (prophylaxie anti-VIH (PreP) par exemple). « Dans les différentes communications, on entend essentiellement parler du risque lié au VIH alors même que le risque de contamination par le virus de l’hépatite B est nettement plus important, souligne le Dr Chaouachi. Vérifier sa sérologie pour l’hépatite B est primordiale. Sans tomber dans la psychose, il est important de se protéger. »
Comment ne pas se faire droguer lors d’une soirée ?
En soirée festive, publique ou privée « surveiller son verre, éviter de boire dans le verre d’une autre personne ou une boisson qui n’a pas été servie devant vous, désigner un capitaine d’équipe qui permet de veiller sur le groupe » conseille notre interlocutrice.
Dans le cadre spécifique des piqûres, faire attention à son verre ne suffit pas. « Quand on sort, il faut rester proche de ses amis, ne pas se désolidariser du groupe et avoir le réflexe tout de suite d’appeler les Urgences si on voit qu’un(e) ami(e) est dans un état second,conseille notre interlocutrice. La vigilance solidaire semble le meilleur rempart contre le crime. Devant toute personne vraisemblablement en détresse, qu’elle ait consommé volontairement ou non des substances, portez lui assistance. »
Merci au Dr Leila Chaouachi, pharmacienne au centre d’addicto-vigilance de Paris et experte nationale sur l’enquête « Soumission chimique » auprès de l’ANSM.