
Eric Jourdan, directeur de l’EPCC Cité du Design, avait annoncé la couleur dès l’été dernier : cette 13ème édition devait impérativement reconquérir les habitants de la métropole stéphanoise. Le défi était de taille pour un événement que certains n’hésitent pas à qualifier de « dernière chance ».
Face aux contraintes budgétaires, les organisateurs ont fait le choix de la sobriété sans sacrifier l’ambition. L’événement rassemble désormais 275 créateurs répartis sur trois sites stratégiques : La Platine, la Cité du design et les Halles Barrouin, cette dernière étant une nouveauté imposée par les travaux en cours. Cette édition propose au total 3 600 mètres carrés d’espaces d’exposition présentant 300 créations et projets innovants.
L’objet au cœur de la réflexion contemporaine
Cette nouvelle mouture privilégie une approche concrète du design en mettant l’accent sur les réalisations tangibles. Les visiteurs peuvent notamment découvrir « Créer en Arménie », exposition dédiée au pays invité, ainsi qu’un hommage à Raymond Guidot, figure emblématique de l’ingénierie du design et de l’enseignement. L’ensemble des présentations s’articule autour de la thématique « ressource(s), présager demain », explorant les questions d’upcycling, de repensée des filières industrielles et d’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus créatifs.
L’exposition principale, orchestrée par la scénographie colorée de Joachim Jirou-Najou aux Halles Barrouin, met particulièrement en valeur les talents locaux. Laurence Salmon, directrice scientifique de l’événement, souligne l’importance de cette démarche qui révèle des innovations prometteuses. Les étudiants de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (Esadse) occupent une place de choix avec leur projet Fabécole, fruit de collaborations avec des entreprises régionales, à l’image du porte-bouteille en cuir végétal.
Une dimension participative renforcée
L’initiative « Bancs d’essai » illustre parfaitement cette volonté d’ancrage territorial. Ces créations d’anciens étudiants, conçues en partenariat avec des entreprises de la région, investissent l’espace public de Saint-Étienne mais aussi des communes environnantes comme La Grand’Croix et Châteauneuf. Cette approche hors les murs rend le design accessible au plus grand nombre et transforme l’agglomération en véritable laboratoire créatif.
Pour fidéliser un public élargi, la programmation festive s’étend sur six week-ends consécutifs, du 24 mai au 29 juin. L’originalité est au rendez-vous avec une fête foraine insolite construite entièrement à partir de matériaux recyclés et des spectacles pyrotechniques nocturnes. Le festival d’arts de rue « Complètement gaga » investira la Cité du design les 30 mai et 1er juin avec quatre représentations.
De la création à la récupération : un programme éclectique
Le programme se diversifie au fil des semaines : marché de créateurs et ateliers d’initiation les 7 et 8 juin, agrémentés d’un défilé mettant en scène les réalisations des élèves du lycée des Métiers de la mode Adrien Testud, toutes confectionnées à partir de matières récupérées. Les 14 et 15 juin seront consacrés au bien-être, tandis que le week-end suivant célébrera la musique. La clôture, prévue les 28 et 29 juin, réunira marchands d’objets vintage, disquaires, antiquaires et brocanteurs pour un final placé sous le signe de la seconde main.
Si l’ensemble des propositions ne s’adresse pas nécessairement aux néophytes, cette 13ème édition marque une volonté claire de démocratisation. L’enrichissement de la programmation festive et la diversification des approches permettent à chaque visiteur de trouver son point d’entrée dans l’univers du design contemporain. Un défi relevé pour redonner à cet événement sa place dans le cœur des Stéphanois.
Le site de la Biennale de Saint-Étienne ICI.
© Photo, Vincent Muteau