Esprit du derby, es-tu encore là ? Ça fait déjà quelques années que Stéphanois et surtout Lyonnais penchent peu à peu du côté du « c’était mieux avant ». Mais là, après les deux derniers OL-ASSE (1-1 puis 1-0) sans intensité sur le terrain ni véritable passion dans les tribunes de l’enceinte lyonnaise, on se demande vraiment si le derby le plus bouillant de France ne s’étiole pas pour de bon. Avant ce nouveau choc, dimanche (21 heures) dans le Chaudron, avec comme enjeu de taille la course à la Ligue des champions, nos confrère de 20 Minutes ont consulté de nombreux supporters des deux camps ayant un paquet d’hypothèses quant à ce phénomène.
En vrac, ceux-ci évoquent le calendrier de Ligue 1, avec un derby retour placé seulement deux mois après le match aller. Mais aussi ces rencontres en retard disputées mercredi (Toulouse-OL et surtout ASSE-OM), faisant un peu de l’ombre à l’affiche de dimanche. Voici d’autres explications majeures constatées à Saint-Etienne, et plus encore à Lyon.
- L’interdiction ou la limitation d’un parcage visiteur depuis avril 2013
Depuis six ans, l’ASSE n’a pas pu compter sur le soutien de ses fans à Lyon. Entre les interdictions de la préfecture du Rhône et le refus des groupes de supporters de venir en nombre restreint dans le parcage visiteur, les Stéphanois n’ont plus droit qu’à un seul derby par saison. Un constat qui touche à peine moins l’OL, une nouvelle fois privé de parcage à Geoffroy-Guichard, un peu plus d’un an après avoir pu y vivre un triomphe total (0-5 et ce fameux maillot brandi par Nabil Fekir devant le kop sud).
Le Derby époque liberté.
Quand quelques mètres séparaient le plus grand antagonisme de l’histoire du football français. pic.twitter.com/YogCV0AtyS— Phanou Herko (@phanou_herko) 14 janvier 2019
« L’absence de supporters adverses tue le derby à petit feu, avance clairement Fousseni Diawara, ancien défenseur des Verts de 2000 à 2008. Comme en plus, l’ambiance pour ce choc au Parc OL semble être très loin de celle à Gerland… » Un tacle validé du bout des lèvres par certains supporters lyonnais. « Ça me fait mal de dire ça mais comme il ne peut plus y avoir une bataille des tribunes avec les Stéphanois, on ne met pas la même ambiance que dans le passé chez nous », reconnaît Thierry Greco, un fidèle du virage sud.
OL-ASSE: «Pas envisageable de vivre un énième derby à la télévision»… Les supporters stéphanois seront-ils enfin à Lyon? https://t.co/zuIQHbFcAH pic.twitter.com/SH3W14Fs4T
— 20 Minutes (@20Minutes) 5 novembre 2018
- Le Parc OL n’a pas encore eu droit à un derby référence
Inauguré en janvier 2016, le Parc OL a déjà vibré de manière phénoménale, et pas seulement en Coupe d’Europe. Et ce notamment lors de succès contre Monaco (6-1 en mai 2016) ou le PSG (2-1 en 2016 et 2018). Mais au vu des trois décevants derbys qu’elle a accueillis, l’enceinte de Décines a durant ces soirées donné l’impression d’être davantage composée de spectateurs que de supporters. « Il faut dire qu’on s’est vraiment tapé des purges », précise Jean-Pierre, abonné au virage nord.
De quoi être nostalgique du derby de folie à Gerland (3-0), le dernier le 8 novembre 2015, avec un triplé d’Alexandre Lacazette. Finalement, la trace d’ambiance de derby majeure dans les travées du Parc OL se trouve dans le match qui précède. Il y a déjà le chant Emmenez-moi à Geoffroy-Guichard, un classique de la 42e minute de jeu (le numéro de département de la Loire), mais chanté avec plus de rage par les deux virages à l’approche du derby.
Au final, la plupart des supporters des deux camps se veulent optimistes. Pour le Lyonnais Sébastien, « ces dernières saisons, il y a aussi le fait que les OL/OM et OL/PSG font de la concurrence au derby. Mais ça peut passer, contrairement au derby, qui sera toujours le derby dans 50 ans. » Le Stéphanois Eric appuie cela : « Le derby ne se dépassionnera jamais car il s’agit d’un phénomène sociétal. L’antagonisme est tel qu’il dépasse le foot ». Nostalgique des grandes heures du derby, Thierry Greco y va de son conseil : « il faut peut-être qu’on retrouve notre âme d’enfant ».