
Le musée dédié à cet artisanat d’exception rouvre ses portes le 4 mai prochain, après un grand nettoyage de printemps effectué par des bénévoles passionnés.
Un patrimoine tissé main depuis 1900
La petite commune de Jonzieux, nichée dans les monts du Pilat, a connu son âge d’or du tissage tout au long du XXe siècle. Le musée de la Passementerie, géré par l’association des anciens passementiers fondée en 1973, fait revivre cette période faste qui s’étend de 1900 à 2000.
André Vialla, président de l’association et dernier passementier en activité du village, incarne à lui seul cette tradition séculaire. Figure emblématique, il est considéré comme l’un des derniers représentants de ce métier en France, témoin vivant d’un savoir-faire en voie de disparition.
L’âge d’or : quand les métiers rythmaient la vie du village
À son apogée en 1975, Jonzieux comptait jusqu’à 100 familles de passementiers et 400 métiers Jacquard en fonctionnement. Le village vivait littéralement au rythme des navettes et des battants. « Dans les maisons et aussi parfois dans les rues, le temps était rythmé par le bruit des métiers », raconte-t-on au musée.
Ces artisans d’exception travaillaient pour les plus grandes maisons de luxe : Hermès, Lanvin, Dior, mais aussi Cognac Martell. Certains passementiers du village ont même eu l’honneur de réaliser les galons d’ameublement de l’Élysée. André Vialla peut quant à lui se targuer d’avoir tissé la sangle de la guitare d’Hugues Aufray. La renommée des passementiers de Jonzieux s’étendait jusqu’au Moyen-Orient, où des émirs commandaient des tissages représentant les symboles de leurs pays.
De l’atelier au musée : préserver un héritage
Aujourd’hui, le paysage a bien changé. Les anciens ateliers de tissage ont été majoritairement transformés en appartements. Les métiers Jacquard encore présents dans le village ne fonctionnent plus, à l’exception de celui du musée, qui continue de tisser les sapins emblématiques du Parc du Pilat et le blason de Jonzieux.
Cette activité rayonnait également dans les communes environnantes, avec notamment 80 familles de passementiers à Saint-Genest-Malifaux et de nombreuses autres dans la Loire et la Haute-Loire.
Des origines italiennes à l’électrification
L’histoire de la passementerie à Jonzieux remonte à l’arrivée du premier métier à tisser à basse-lice et à ruban unique, importé d’Italie par un prêtre. Les premiers métiers Jacquard ont été installés dans la commune en 1900, à l’initiative du curé Jean Deshort qui souhaitait améliorer les conditions de vie des villageois en leur apportant une nouvelle source de revenus.
En 1910, grâce à l’essor de cette activité, Jonzieux devient l’une des premières communes de la région à bénéficier de l’électricité, révolutionnant ainsi le processus de production : un seul moteur pouvait désormais faire fonctionner plusieurs métiers simultanément.
Si le travail reste diversifié mais peu abondant jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’après 1945 marque un tournant avec une forte demande en produits tissés. Les années 1960 voient les fabriques se moderniser, avant un déclin progressif qui aboutira à la fermeture du dernier atelier de passementerie à domicile en 2005.
Informations pratiques
Le musée de la Passementerie ouvrira ses portes à partir du dimanche 4 mai et accueillera les visiteurs tous les dimanches de 14h30 à 18h30 jusqu’au mois d’octobre. Les groupes peuvent également réserver des visites en semaine sur rendez-vous, en contactant André Vialla au 04.77.39.93.38 ou au 04.77.39.92.76.
Une visite indispensable pour comprendre comment un petit village de montagne a tissé son histoire avec des fils de soie et d’or, créant des œuvres d’art qui ont habillé les plus grands de ce monde.
© Photo département de la Loire.