Le procureur a demandé quatre ans de prison contre Jean-Charles Naouri, ancien patron et principal actionnaire de Casino, dont trois ans avec sursis. La partie ferme d’un an pourrait être aménagée sous bracelet électronique. Une amende de 2 millions d’euros a également été réclamée à son encontre.
Pour le groupe Casino lui-même, en tant que personne morale, une amende colossale de 75 millions d’euros a été requise. Des montants jugés disproportionnés par la défense, qui souligne que l’entreprise stéphanoise a profondément changé depuis son rachat en 2024 par le consortium du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Un feuilleton manipulatoire selon l’accusation
Le Parquet national financier a dénoncé une manipulation orchestrée du cours de bourse entre septembre 2018 et juin 2019, période où Casino traversait une grave crise de solvabilité. Pressé par les marchés de réduire son endettement massif, le groupe multipliait alors les cessions d’actifs tandis que son action s’effondrait aux alentours de 25 euros.
Au cœur du dossier : Nicolas Miguet, directeur de publication de « La Lettre La Bourse » et « L’Hebdo BoursePlus ». Selon l’accusation, il aurait bénéficié d’une convention de prestation de conseils d’environ 823 000 euros pour défendre le cours de bourse de Casino via ses différents canaux de diffusion, notamment auprès des actionnaires individuels, sans jamais révéler ses liens financiers avec le groupe.
Un récidiviste notoire
Jean-Charles Naouri a affirmé devant le tribunal qu’il ignorait le lourd passif judiciaire de Nicolas Miguet : deux sanctions de l’Autorité des marchés financiers et 19 condamnations par la justice, notamment pour fraude fiscale, abus de biens sociaux, escroquerie et manipulation de cours.
Contre ce dernier, les réquisitions sont particulièrement sévères : quatre ans de prison ferme avec exécution immédiate, 850 000 euros d’amende à titre personnel et 1,5 million d’euros pour ses diverses sociétés. Ce serait sa vingtième condamnation.
Un système global dénoncé par les parties civiles
Xavier Kemlin, représentant des descendants des fondateurs de Casino constitués partie civile, a évoqué à la barre « un système global, mis en place patiemment pendant des années, reposant sur l’opacité, les artifices comptables, la manipulation financière, la dissimulation et la corruption ».
Des peines de deux à trois ans de prison avec sursis et des amendes comprises entre 300 000 et 500 000 euros ont également été requises contre trois anciens cadres du distributeur.
Une défense qui plaide la relaxe générale
Tous les prévenus ont plaidé la relaxe. La défense du groupe fait valoir que « le nouveau Casino n’a plus rien à voir ni par sa taille, sa situation financière ou sa gouvernance avec celui qu’il était à l’époque des faits », après la vaste restructuration de sa dette menée en 2024.
Le tribunal correctionnel de Paris mettra fin au suspense le 29 janvier 2026, date à laquelle il rendra sa décision dans ce dossier emblématique de la chute d’un empire de la grande distribution stéphanoise.

