Un film avant tout démonstratif
« Rien à foutre » est un film qui relate la vraie vie d’une hôtesse de l’air d’une compagnie low-cost, au salaire dérisoire et aux conditions de travail difficiles ; un quasi-documentaire sur l’exploitation d’une profession précaire, individualisée, toujours en compétition, obligée d’effectuer les meilleures ventes de produits durant chacun de leurs vols.
Un casting admirable et un direction d’acteur impécable
Les co-réalisateurs du film (Julie Lecoustre et Emmanuel Marre) ont réussi à réunir et à faire jouer ensemble des acteurs débutants, des professionnels du secteur et une star du cinéma, Adèle Exarchopoulos, révélée par « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche, palme d’or au Festival de Cannes de 2013. Comme Cassandre, son personnage, l’actrice parvient à faire tomber le masque et à montrer son vrai visage, sa fragilité.
Une parfait portrait de la jeune génération
« Rien à foutre » dresse un portrait fidèle d’une génération happée par le rythme effréné de notre époque. La scène clef du film montre la confrontation sur un tarmac de jeunes hôtesses et de vieux syndicalistes qui empêchent celles-ci de prendre leur poste. Le dialogue s’engage. Mais c’est en réalité un langage de sourd entre une jeune génération vivant dans le présent, s’envoyant des messages vocaux et publiant des “stories” sur “Insta” (Instagram) et des “darrons” ne parvenant pas à les mobiliser pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail que pourtant, elles déplorent.
Accepter de se perdre
Les réalisateurs n’ont pas voulu être moralistes. C’est à la fois la grande force et la faiblesse du film. En effet, Cassandre est en réalité un personnage perdu. Le spectateur la suit donc dans sa perte et le film reste ainsi dans l’irrésolu. Cela donne une tonalité assez pessimiste d’une génération sans idéal collectif. Un film à voir absolument pour sa singularité, au Méliès.
Par Richard Clermont