
Un homme de 83 ans, marié depuis plus de six décennies, s’est retrouvé poursuivi en justice après avoir tenté de protéger sa conjointe souffrant d’Alzheimer d’un accident de la route. L’incident remonte au printemps 2023 à Renaison. Le retraité, ancien employé de Giat Industries, a dû intervenir physiquement pour empêcher son épouse de traverser une route dangereuse. Selon ses déclarations, la situation a dégénéré lorsque tous deux ont chuté dans des ronces pendant qu’il tentait de la ramener vers leur véhicule. Des passants, témoins de la scène, ont alerté les forces de l’ordre, interprétant cette intervention comme un acte de maltraitance. Cette méprise a conduit l’octogénaire devant la justice pour la première fois de son existence.
Un dévouement total sacrifiant sa propre vie
La fille du prévenu, présente au tribunal, a témoigné du sacrifice consenti par son père pour accompagner sa mère malade. L’homme a renoncé à ses activités personnelles, notamment le cyclisme qu’il pratiquait régulièrement et ses moments de convivialité, pour se consacrer entièrement aux soins de son épouse. Cette proche aidante, elle-même impliquée plusieurs après-midi hebdomadaires, a souligné les difficultés comportementales liées à la pathologie. Elle évoque l’agressivité parfois manifestée par sa mère et rappelle la position ferme de cette dernière concernant son avenir.
Le refus catégorique de l’institutionnalisation
L’épouse malade a exprimé clairement sa volonté de ne jamais intégrer un établissement spécialisé. Face à cette perspective, elle a manifesté sa préférence pour l’euthanasie, illustrant l’angoisse de nombreuses personnes confrontées à cette maladie neurodégénérative. Cette position complique considérablement la situation familiale, contraignant l’époux à assumer seul une charge de plus en plus lourde face à la dégradation progressive de l’état de santé de sa compagne.
Une justice face au dilemme des aidants
La magistrate du parquet, Louise Gayon, a reconnu la complexité de la situation tout en rappelant le cadre légal. Elle a souligné que tout geste brusque, même motivé par la protection, peut constituer juridiquement une violence, indépendamment de l’intention bienveillante. Consciente du dépassement probable du prévenu, elle a préconisé un accompagnement renforcé plutôt qu’une sanction sévère, requérant 800 euros d’amende avec sursis.
Un verdict mesuré pour une situation dramatique
Le tribunal a prononcé une condamnation à 500 euros d’amende avec sursis, assortie de 100 euros d’amende contraventionnelle. Cette décision reflète la volonté de sanctionner les faits établis tout en tenant compte des circonstances exceptionnelles. L’audience a révélé la souffrance silencieuse de cet homme qui confie parfois « se cacher pour pleurer », témoignage poignant de l’isolement vécu par de nombreux aidants familiaux.